J’ai dans la tête les vers de cette Chanson d’automne écrite par Paul Verlaine en 1866…
Des vents mauvais soufflaient ce dimanche. Fruits d’une tempête annoncée qui a tout balayé sur son passage, comme s’il fallait tout détruire pour un jour reconstruire…
Chanson d’automne
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
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Foutons-les dehors ! Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy et ses amis Républicains et centristes se sentent ce matin « pareils à la feuille morte », mais les faits sont têtus : ils ont été proprement balayés pour la plupart de la première place du podium par un FN qui multiplie par 3 son score des dernières régionales.
C’était il y a un an, le 12 novembre. Je publiais un papier sur mon blog depuis le café du Commerce de Sochaux. Son titre « A front renversé ». J’écrivais (l’intégralité de mon papier en ligne d’un clic ici) :
Entre deux cafés, le désespoir de ne plus comprendre cette France d’en haut, et de se sentir incompris, délaissé, méprisé, est palpable. Ici comme ailleurs, l’aristocratie politique n’est plus en phase avec le tiers-état. A Marie-Antoinette qui voulait leur « donner de la brioche », on entend Marine répondre « Foutons-les dehors ! » (…)
Et en attendant, au Café du Commerce, la France se désespère. Lors de son tour de France à pied, le député Jean Lassalle (cf mon billet d’avril) a rencontré ces Français de la vraie vie, qui estiment pour beaucoup que « Ca va péter ». Pour Lassalle, il est urgent d’agir car « il est minuit moins dix » dans « une France pré-révolutionnaire ». Mais ce tour de France, salué de toute part, n’a débouché sur rien, chaque leader politique préférant faire prospérer sa petite boutique. Un vieux proverbe chinois dit que « Le poisson pourrit toujours par la tête ». Et nos élites font mine d’avoir le nez bouché. Et Marine Le Pen prospère sur ce fumier !
A force de consanguinité, nos élus pensent, agissent, promettent, oublient comme des clones. Chefs de tout donc chefs de rien, ils ont perdu la foi et n’ont pas, ou si peu, l’âme managériale. Qui saura, à droite comme à gauche, parler vrai, reconnaître que nous sommes en faillite et trouver les moyens de reconstruire, redonner confiance aux entrepreneurs et aux créateurs de richesses, créer les conditions favorables au redressement, bref faire le job ? A Pôle Emploi, ce descriptif de poste n’existe pas. Et pas sûr qu’il y ait beaucoup de candidats. Alors faut-il se désespérer ? Non, car c’est dans temps exceptionnels que se révèlent les caractères. Et là, il faudra « du lourd », un patron, pas un président banal de normalité. C’est notre seule chance de pouvoir jouer à Front renversé.
Quelques jours après, le 15 février, au vu des résultats de ces législatives partielles, j’écrivais sur le même thème, à lire ici…
Un an après, je resigne des deux mains ! Il ne s’agit pas ici de me monter du col, genre « j’avais raison », car de nombreux analystes avaient écrit et commenté cette vague bien avant moi et avec plus de talent et de connaissances, mais force est de constater que la droite face au FN a eu l’attitude du lapin pris dans les phares. Rester immobile, ne pas changer, ne pas bouger, avec un peu de chance c’est une illusion. Pan dans le mur !
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Désemparés. Le FN est désormais, sans surprise, le premier parti de France, balayant tout sur son passage. Pour la gauche comme pour la droite, cette énième élection sonne comme un désaveu. A tel point que certains, courageux mais pas téméraires, lancent dès ce lundi qu’il faudrait changer le mode de scrutin. Comme si, faute d’idées neuves et d’une crédibilité retrouvée, il fallait changer les règles du jeu pour espérer survivre !
Après le double avertissement des européennes et des départementales, l’évidence est là : la France politique est désormais divisée en trois tiers. Autant vous dire que si le PS et les Républicains ne changent rien, on va s’amuser aux deux prochaines élections, la présidentielle et les législatives, où la règle veut que seuls les deux candidats arrivés en tête se maintiennent au second tour. Et pas sur que l’arc dit « républicain » fonctionne face à un FN attablé à la cour des grands.
Face à la menace, tout le monde semble désemparé. A commencer par les notables qui voient leur petit monde se délabrer et leurs sacs de sable bien ridicules face au tsunami. L’échec de la gauche au pouvoir semblait la meilleure assurance pour une droite qui tente de se reconstruire, obnubilée par les primaires et la présidentielle. Elle sauve les meubles, mais on est loin de la victoire prédite il y a quelques mois. La reconquête n’est pas en marche !
En vérité, cette inquiétude protéiforme des électeurs n’est pas propre à la France. Les partis nationalistes ou protestataires sont souvent à la fête dans les autres pays européens. L’Europe, par ses propres insuffisances, « n’a également pas su apaiser cette angoisse sourde, identitaire, collective et personnelle, celle des vieilles nations, hantées par le sentiment de leur déclin et terrifiées par la perspective de passer au laminoir de la mondialisation », écrivait fort justement Alexis Brézet dans Le Figaro de ce matin.
J’ai souvent écrit sur les deux ouvrages du géographe Christophe Guilluy qui analyse cette évolution des mentalités dans cette France périphérique aux métropoles. Pour lui, les classes populaires ne font plus partie du projet économique et j’allais dire que les autres ne se sentent plus concernées par le projet politique traditionnel.
Bref, tout est à réinventer !
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Repartir de 0. je me souviens d’une phrase de Charles Millon « Quand la gauche est la gauche et quand la droite est la droite, les extrêmes reculent ». S’il avait sûrement raison hier, on voit que cela ne suffit plus. Les candidats ont beau se droitiser, revenir aux marqueurs de l’autorité, de la liberté économique… cela ne suffit plus face au discrédit. On ne les croit plus.
Alors que faire ? La reconstruction sera longue et, si certaines victoires sonneront plutôt comme la défaite du camp d’en face, elles ne devront pas masquer l’essentiel : il faut repartir de 0.
Le congrès fondateur des Républicains n’a pas été, loin s’en faut, un congrès (re)fondateur tant au niveau de l’idéologie politique que des idées. L’unité semble retrouvée en façade, mais Les Républicains, pour quoi faire ? Pour Nicolas Sarkozy, « Républicains, ce n’est pas seulement le nouveau nom d’un parti. C’est le cri de ralliement de toutes celles et de tous ceux qui souffrent de voir la République reculer tous les jours. » Bigre ! Mais encore ? S’il suffit d’avoir pour ambition de se débarrasser de François Hollande, nombre de Français applaudiront. Mais ont-ils vraiment envie du match retour ? Et pour quoi faire après ?
Nos partis, en France, sont datés du siècle dernier. Le monde change, bouge vite, cassant les vérités et les dogmes d’hier. Et rares sont les politiques à avoir une vision large, panoramique, de ces changements. Le rôle du politique est à la fois de comprendre, puis de fixer un cap et de redonner du sens dans un monde où tout un système de croyances et de valeurs semble s’effondrer. Et de parler aux Français de leur vie, la vraie, souvent bien éloignée de la « jet society ».
Nous sommes aujourd’hui bien loin de la technique éculée qui consiste à recycler le passé. On a tous besoin de renouveau, de nouveaux visages et d’une vision. Les politiques doivent faire le tri entre l’artificiel et le fondamental, éviter de confondre le but et les moyens.
En fait, pour Les Républicains, le travail démarre autour de deux questions : « Qui sommes nous ? » et « Quelle est notre vision ? ». Deux questions pour lesquelles on attend les prémices d’une réponse…
La troisième question (la seule ?) à poser aux Républicains est la suivante : êtes-vous prêts à risquer la mort médiatique pour dire des vérités contraires à celles que la tyrannie médiatique impose ? Charles Million, puisqu’on le cite, avait essayé et depuis il est mort politiquement. Soit ces congénères de la droite républicaine franchissent le Rubicon ensemble, soit ils continueront à perdre, coincés entre le système et ceux qui n’en veulent plus.
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Le dictat des partis entraînent la France doucement mais sûrement à sa perte.
Nous sommes quelques uns à avoir osé s’élever contre la politique « des moutons de panurges ».
Fleurter sur les peurs et l’angoisse afin de » fricoter » sur la voie FN est contre-productift anti-republicain.
Traités de « vilain petit canard » depuis 2 ans, osant dire qu’il était absurde de s’opposer pour s’opposer, de défiler sous des slogans aberrants, donnant envie aux humanistes de fuir et vite, nous avons été écartés et montrés du doigt.
Aujourd’hui, je pense qu’il est temps de réunir les VRAIS RÉPUBLICAINS, défenseurs de nos valeurs communes, sans sectarisme partisan pour réfléchir, créer et proposer un programme républicain réaliste et moderne.
Être républicain s’est agir en tant que tel et non décréter se nommer Les Républicains (nom auquel j’etais opposé)
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Comme quoi il ne suffit pas d’avoir raison, il faut avoir raison dans de satisfaisantes conditions spatio-temporelles.
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Deux constats.
Les leaders politiques ont perdu la bataille de l’authenticité. Hors celle-ci est une demande du personnel vis à vis du management des entreprises . Pourquoi serait-ce différent en politique? Marion Marechal Le Pen a cette authenticité perçue. Elle gagne. Les appareils des autres partis devraient s’en inspirer.
La ligne de fracture ne se fait plus entre droite et gauche mais entre souverainistes et mondialistes. Le clivage Républicain et PS est de moins en moins perceptible par les électeurs qui votent donc pour une alternative.
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